Edition établie et commentée par Jean-Louis Prat Enfoui dans un recueil qui, depuis bien longtemps, n'est plus réédité, cet ouvrage de Hippolyte Taine sur le récit du périble des Dix Mille, ces mercenaires engagés par Cyrus le Jeune contre son frère Artaxerxés II, puis leur retraite vers l'Hellespont, tel que relaté par Xénophon dans l'Anabase, est pourtant « bien connu » par quelques citations que se transmettent pieusement les hellénistes, notamment celles-ci : « Rien de plus curieux que cette armée grecque, république voyageuse qui délibère et qui agit, qui combat et qui vote, sorte d'Athènes errante au milieu de l'Asie » ; « Le livre est un journal de marche, sans commentaires, ce qui lui donne un air de vérité frappante. » C'est parce que Taine a fait école au XIXe siècle que l'Anabase est souvent lue comme un reportage pittoresque, écrit au jour le jour par un « correspondant de guerre », qui suivait l'armée de Cyrus sans y être général, capitaine ou soldat... et même sans connaître l'objectif de Cyrus, et sans réfléchir sur ce qui lui est arrivé. Taine écrit cet article pour se délasser de ses autres études littéraires et historiques. C’est pour lui une occasion de retraduire les passages qui lui semblent les plus intéressants du récit de Xénophon. En procédant ainsi, il nous offre un résumé à sa manière, incluant la "montée" à partir de la mer, jusqu'au coeur de l'Empire perse, la "descente" qui nous mène au bord d'une autre mer et la dernière étape, qui longe cette mer jusqu'à Chrysopolis, le Bosphore et Byzance. Si la version de Taine est contestable, elle lui permet de faire un résumé de l'œuvre : il est fort intéressant de lire cette histoire abrégée, tout en goûtant la saveur du récit de Xénophon.