En trente ans, La justification de l’Europe a bien changé : en 1989, son utopie motrice en faisait une société ouverte. L’Europe attirait ses alentours et tendait les bras aux pays de l’Est. Ce qui a fait l’originalité de l’Europe, son identité, son idée, c’est que ses sources ont toujours été plurielles, mixtes, entrelacées. Mais aujourd’hui, le fracas de l’Europe se traduit à la fois par des démagogies nationalistes, qui dénient cette mixité, ainsi que par le scepticisme néolibéral et techniciste, qui prétend faire le vide de toute idéologie, de toute utopie, de toute tradition. Comment, dans ce vertige, repenser l’Europe ? Il semble indispen-
sable d’aller désormais au bout de ce pluralisme : pluralisme politique d’un espace commun sur lequel coexisteraient plusieurs États et qui inventerait une nouvelle forme de frontière ; pluralisme économique d’un marché qui favorise-
rait la diversité des formes de vies, de cohabitations, de communs ; pluralisme culturel qui ferait place à la multiplicité inachevée des traditions, langues et imaginaires.
Dans cet essai à la fois lucide et percutant, Olivier Abel nous offre une réflexion ambitieuse sur la vivacité de la vieille Europe.